Dans cette note, je vous fais part d’un bilan plus personnel (je reviendrai plus en détail avec mes projets dans de futures notes). Ces deux dernières années, même si je suis fière de ce que j’ai pu réaliser, ont été quelque peu chaotiques. En 2015 par exemple je n’avais pas fait de bilan 2014 et j’ai également donné très peu de nouvelles, un silence qui a tué peu à peu mon blog.
Les deux plus gros changements de 2015 auront été non seulement le contrat d’édition chez DARGAUD, mais surtout d’avoir pu déménager avec mon chéri en septembre dernier. Après de longues et périlleuses recherches désespérées, c’est avec joie et impatience que nous nous sommes installés dans notre appartement, un changement soudain et pourtant salvateur. Ces quatre derniers mois, je ne me suis jamais sentie aussi détendue, apaisée, libre de toutes contraintes sociales. Un bonheur que je n’osais plus espérer. Une indépendance totale dont je peux enfin me vanter. C’est plus qu’un rêve qui se réalise, je peux enfin dormir l’esprit tranquille. Je sais où je vais, je n’ai plus besoin de le prouver à mon entourage. Mes horaires sont à présent mes horaires, plus besoin de les adapter à ceux des autres. J’ai tenu bon, j’en suis fière, je suis libre !
Toutefois, prendre mes nouveaux repères ne fut pas évident. Dans la méfiance d’être dans un bonheur illusoire, j’ai eu beaucoup de peine à profiter pleinement de notre nouvelle vie. Avant de déménager j’étais dans l’attente d’un moment tranquille pour travailler, maintenant je peux m’organiser. J’ai jamais été aussi soucieuse de mon avenir, de la qualité de mes projets. Déclarer haut et fort que j’ai plusieurs projets en tête m’a longtemps paru interdit, sous peine d’être traitée de prétentieuse. Le déménagement m’a permis de réaliser un gros travail sur moi, mes envies, mes projets, comment j’ai vécu ma vie ces deux dernières années. Je tourne réellement une nouvelle page.
Le déménagement est arrivé au bon moment, car j’avais atteint mes limites. Je me sentais constamment épuisée, à bout d’énergie, pleine de remords avant de m’endormir. Aujourd’hui, je récupère peu à peu. Bien évidemment, je ne cesse de dessiner, de travailler de près ou de loin avec la bande dessinée. Je n’ai jamais manqué d’assurance, fort heureusement, mais je ressens une profonde fatigue qui s’est cumulée. Être en contact constant avec les gens est devenu un exercice éprouvant pour moi. Pour vous donner une idée, il me faut deux semaines de repos intensif après un festival avant d’être à nouveau opérationnelle. De même avec les challenges de dessin, je peine de plus en plus à les tenir jusqu’au bout. Les derniers INKtober et 23hBD ont été par exemple des échecs cuisants.
Il me faut être honnête et accepter que je ne suis pas en état de m’égarer sur plusieurs mandats. Je dois faire attention à moi et trier minutieusement mes envies et restée ainsi concentrée sur les projets qui me tiennent vraiment à coeur. Mes préoccupations d’indépendance étant révolues, mon esprit se remplit à nouveau d’histoires, de projets, tout se bouscule, j’ai tellement à raconter, tellement de styles à essayer, c’est un défi de tous les jours que de savoir sur quoi je consacre mon énergie.
Cette année, c’est l’année où je reprends les choses en mains (le nouveau look minimaliste du blog est assez parlant à ce niveau-là). Cette année je me repose le plus possible et j’emploie utilement mon énergie à STIGMA et la BD signée chez DARGAUD (et d’autres projets déjà en route). Par conséquent je n’accepterai aucun autre mandat pour cette année et je vais éviter de penser aux festivals.
Cette note fut longue en réflexion. Je me reconstruis peu à peu, je peine à embrasser ma complète indépendance. J’ai beaucoup appris ces deux dernières années et me définir en tant qu’auteur de bande dessinée m’aura beaucoup occupé l’esprit… voire trop par moment.
Je peux remplir mon frigo, payer mes factures sans serrer trois fois la ceinture, vivre pleinement ce bonheur avec l’homme de ma vie, réaliser tous nos projets en prenant le temps qu’il faut sans être parasités dans nos élans. Mais je dois faire attention de ne pas partir dans tous les sens, faire attention à moi et ne pas oublier qu’il me faut du temps pour retrouver toute mon énergie.
Sur ce, je vous souhaite à toutes et à tous une très Bonne Année 2016 et tous mes meilleurs vœux !